« Une douce lueur de malveillance » – Dan Chaon
Titre : Une douce lueur de malveillance
Auteur : Dan Chaon
Format : Papier
Nombre de pages : 532
Editeur : Albin Michel
Dates de lecture : 10/04/2020 – 15/04/2020
Ressenti : Déroutant avec une construction atypique
4ème de couverture / Résumé éditeur :
« Nous n’arrêtons pas de nous raconter des histoires sur nous-mêmes. Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires. Les événements de notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner une. »
Tel pourrais être le mantra de Dustin Tillman, psychologue dans la banlieue de Cleveland. Ce quadragénaire, marié et père de deux adolescents, mène une vie somme toute banale lorsqu’il apprend que son frère adoptif, Rusty, vient d’être libéré de prison. C’est sur son témoignage que, trente ans plus tôt, celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Maintenant que des tests ADN innocentent son frère, Dustin s’attend au pire.
Au même moment, l’un de ses patients, un policier en congé longue maladie, lui fait part de son obsession pour une étrange affaire : la disparition de plusieurs étudiants des environs retrouvés noyés, y voyant la marque d’une serial killer. Pour échapper à sa vie personnelle, Dustin se laisse peu à peu entraîner dans une enquête périlleuse, au risque de franchir les limites que lui impose son rôle de thérapeute.
Plongée dans les ténèbres, celles d’un homme submergé par ses propres contradictions et les failles de sa mémoire, Une douce lueur de malveillance est un livre virtuose et vénéneux. Une écriture glaçante, une inventivité littéraire qui bouscule les structures du roman contemporain : rarement un écrivain aura su explorer le mystère de l’identité avec un réalisme aussi obsédant.
Mon avis :
J’ai longtemps reculé ma lecture de ce roman parce qu’en le feuilletant, j’ai été déconcertée par sa construction (et aussi quelques commentaires disant que cela ne facilitait pas la lecture). Il faut savoir que ce livre est vraiment atypique dans sa présentation. Tout d’abord vous faites des allers-retours entre différentes époques, puis vous passez de la narration à la troisième personne à une narration à la première personne avant de revenir à la troisième personne et ainsi de suite. Mais ce qui est le plus déconcertant c’est la présentation sous forme de textos, ou de colonnes (2 ou 3 sur une même pages). C’est cette dernière présentation que m’a posé le plus de problème car je ne savais pas comment l’aborder : les paragraphes étant séparés devais-je lire un paragraphe par colonne avant de passer au suivant ou bien lire l’ensemble d’une colonne avant de passer à la suivante ? Je pense que c’est au choix de chacun, j’ai testé les deux méthodes pour finalement opter pour la seconde. Et puis il y a également ces phrases inachevées sans points de suspension ou autre, vous avez juste un bout de phrase qui s’arrête en son milieu.
Alors oui, cette lecture est déroutante, atypique, complexe et il faut s’accrocher pour en venir à bout mais si vous faites abstraction de la présentation et que vous vous centrez sur l’histoire, alors cela en vaut la peine.
Dans ce roman, vous avez deux histoires tournant toutes les deux autour du personnage principal : Dustin. D’un côté, vous avez les interrogations de Dustin face à ce qu’il pense s’être déroulé dans le passé au moment du meurtre de ses parents et de son oncle et de sa tante et des inquiétudes sur la réaction de son frère qui a purgé de nombreuses années de prison suite au témoignage de Dustin. De l’autre, vous avez toute une série de morts suspectes d’étudiants sur lesquelles il va être amené à enquêter avec un de ses patients.
Viennent se greffer sur cela le deuil (deuil de parents assassinés, deuil d’une épouse, deuil d’un ami…), les pertes de mémoire, la confusion, l’absence, la manipulation, le manque de dialogue, les non-dit. C’est un roman noir, vous l’aurez compris.
Ce roman, en fait, est impossible à résumer au risque de trop en dire. C’est un roman qui se mérite, qui se découvre petit à petit, qui vous demandera de la concentration, parfois des pauses mais trop longues sous peine de vous sentir complètement perdu lorsque vous le reprendrez.
Ce livre, il faut choisir le bon moment pour le lire sous peine de passer à côté. Comme je vous le disais, il m’a fallu de longs mois avant de l’appréhender. Peut-être que si je l’avais lu quelques mois plus tôt je ne serais pas allée jusqu’au bout et que je l’aurais abandonné, je l’ignore. Toujours est-il que j’ai eu l’instinct de le lire au moment opportun.
Alors vous allez sans doute vous dire qu’au bout du compte je ne dis pas grand-chose sur le roman, mais le fait est que j’ai beaucoup de difficultés à écrire dessus car il m’a chamboulée. Si l’envie vous prenait de le lire, peut-être que vous crieriez au chef d’oeuvre, peut-être qu’au contraire vous le détesteriez, en tout état de cause, il ne vous laissera pas indifférent.