« La servante écarlate » – Margaret Atwood
Titre : La servante écarlate
Auteur : Margaret Atwood
Format : Numérique
Mon avis : 4/5
4ème de couverture :
Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler. En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
Mon avis :
Je me suis plongée dans la lecture de cette dystopie après avoir vu la première saison de la série adaptée du roman. Cette série m’ayant tenue en haleine et, il faut bien le reconnaitre, chamboulée, j’ai voulu en découvrir plus et surtout savoir comment les choses allaient se terminer. Je dis « en découvrir plus » car comme souvent les séries adaptées de livres omettent des détails, voire modifient l’intrigue. Une fois de plus, c’est ce qui s’est passé ici (notamment concernant le personnage de Luke) et je ne regrette pas mon choix.
Le livre nous raconte l’histoire de Defred, une servante écarlate, autrement dit une femme dont la fonction n’est autre que d’être un ventre au service de son Commandant et de son épouse avec pour seul but d’être enceinte et surtout de faire naitre un enfant en bonne santé. Elle nous raconte son quotidien mais aussi sa vie antérieure au moyen de souvenirs d’une vie et d’un monde passés.
Vêtues entièrement de rouge excepté une coiffe blanche munie d’ailettes agissant comme des œillères, les empêchant de voir et d’être vues, ces servantes écarlates ont été complètement déshumanisées, réduites à être des objets que l’on transmet à d’autres une fois leur mission accomplie. La société dans laquelle elles vivent est froide et hostile, sans aucun plaisir.
Au-delà de la place et du rôle des femmes dans la société, ce roman traite de la privation des droits et des libertés pour la très grande majorité de la population (hommes comme femmes) qui vit dans la crainte. Les hommes ne sont pas mieux lotis, car les dirigeants mis à part, ils vivent aussi dans la peur des dénonciations et des exécutions s’ils ne respectent pas à la lettre la doctrine de Gilead et sont cantonnés au rôle de domestique, sans espoir de fonder une famille.
Ce qui fait froid dans le dos à la lecture de ce roman, c’est qu’il est incroyablement crédible. D’ailleurs Margaret Atwood indique que toutes les situations vécues par les femmes de l’histoire se sont déjà produites en réalité. L’écriture est fluide, claire et froide et les termes abordés sont réalistes au point que l’on réalise que le personnage principal pourrait être l’une d’entre nous.
C’est un livre fort et dérangeant qui ne peut pas laisser indifférent même si la fin nous laisse avec un gros point d’interrogation, mais pouvait-il en être autrement ?
Citations :
« Que pouvions-nous faire ? Nous pensions avoir de tels problèmes. Comment pouvions-nous savoir que nous étions heureux ? »
« La nuit tombe. Ou est tombée. Comment se fait-il que la nuit tombe au lieu de se lever, comme l’aube ? Et pourtant si l’on regarde vers l’Est, au coucher du soleil, on peut voir la nuit se lever, et non pas tomber, l’obscurité monter dans le ciel depuis l’horizon, comme un soleil noir, derrière une couverture de nuages. Comme la fumée d’un feu invisible, un trait de feu juste au-dessus de l’horizon, feu de brousse ou ville en flammes. Peut-être la nuit tombe-t-elle parce qu’elle est lourde, un épais rideau remonté par-dessus les yeux. »
« Garde les autres en sécurité, s’ils sont saufs. Ne les laisse pas trop souffrir. S’ils doivent mourir, fais que ce soit rapide. Tu pourrais même leur fournir un Paradis. Nous avons besoin de Toi pour cela. L’Enfer, nous pouvons nous le fabriquer nous-mêmes. »
« Nous vivions, comme d’habitude, en ignorant. Ignorer n’est pas la même chose que l’ignorance. Il faut se donner de la peine pour y arriver. »
« Mais souvenez vous que le pardon est aussi un pouvoir. Le mendier est un pouvoir, le refuser ou l’accorder est aussi un pouvoir, peut être le plus grand de tous. «