« Contre l’espèce » – Estelle Tharreau
Titre : Contre l’espèce
Auteure : Estelle Tharreau
Editeur : Taurnada
Format : numérique (n’existe pas en version papier)
Nombre de pages : 483
Dates de lecture : 20/05/2024 – 01/06/2024
4e de couverture / Résumé éditeur :
Le miracle écologique a eu lieu. Partout sur la planète, des recycleurs démontent l’ancien monde et la nature reprend ses droits. Seuls subsistent les hypercentres où chaque acte de la vie est piloté par huit plateformes numériques.
Mais que se passe-t-il lorsqu’il ne reste plus rien à démonter et que les dirigeants de ces plateformes fomentent des projets génocidaires ?
Quel destin attend John, le recycleur désabusé, Futhi, la jeune aveugle presciente, Olsen, le policier subversif, Ousmane, l’homme qui en sait trop, et Rosa, la ravisseuse du petit Willy ?
Tous seront entraînés dans le tourbillon d’un monde s’écroulant dans un grand fracas d’octets.
Mon avis :
Je remercie Joël des éditions Taurnada pour l’envoi de ce roman en service presse. Pour tout vous dire, j’ai accepté de le lire parce que je suis rarement déçue par les publications de cette maison d’édition. Si cela avait été une autre maison d’édition, j’aurais passé mon tour car ce n’est pas le genre de roman que je lis habituellement. Mais il est parfois bon d’élargir son horizon…
Nous voici plongés dans un roman d’anticipation où le tout numérique est roi. Le nombre d’humains sur terre s’est trouvé réduit de façon drastique et seuls les plus fortunés et ceux qui ont un scoring élevé ont la chance de mener une vie confortable, les autres n’ont pas d’autre choix que de devenir recycleurs ou exclus. Chaque personne a une puce implantée dans le bras grâce à laquelle tous leurs faits et gestes sont tracés. Cette puce leur donne ou pas accès à tout. Elle n’est désactivée qu’au moment de leur mort et s’ils décident de l’extraire par eux-mêmes, ils se condamnent à une vie dans la clandestinité. L’être humain ne fait plus rien par lui-même, ses repas sont livrés cuisinés (le passage sur la simple préparation de pâtes est dingue), les livres papier n’existent plus, il n’y a plus de jouets… Tout se fait par écrans interposés ou au moyen de robots.
Un homme émet sur une radio pirate et prévient ses auditeurs qu’un drame risque de se produire dans une échéance plus ou moins proche. Il explique comment l’humanité en est arrivée au stade où elle en est. Il parle des GAFA, de l’intelligence artificielle, en fait, de tout ce dont on entend parler de nos jours. Nous ne connaissons pas la date exacte à laquelle se déroule l’histoire, mais beaucoup de choses évoquées nous parlent.
Et puis un jour, le nombre de villes à recycler devient minime et il ne reste plus grand chose à démonter. C’est alors que les dirigeants des 8 plateformes numériques lancent leur Big Bug. Plus rien ne fonctionne. Chacun va devoir se débrouiller, des regroupements vont se former, s’opposer afin de prendre le contrôle.
Nous suivons le parcours de plusieurs personnages : John un ancien militaire devenu recycleur, Rosa une domestique qui refuse d’abandonner Willy un enfant dont elle s’occupe et le kidnappe, Futhi une jeune aveugle au scoring exceptionnel dont s’occupe Ousmane qui pressent le danger à venir et enfin Olsen un policier qui va tenter du mieux qu’il peut de maintenir l’ordre dans sa ville. Tous ces personnages sont fascinants.
Cette dystopie est tellement criante de réalisme qu’elle fait froid dans le dos. Estelle Tharreau pose une réflexion sur notre monde et son avenir possible en cas de dérive. C’est terrifiant et terriblement bien écrit. Ce roman vous fera certainement réfléchir à la place de l’intelligence artificielle et de la technologie dans notre vie. Peut-être vous fera-t-il prendre conscience de leurs dangers et vous incitera à les mettre de côté et à ne pas tout miser sur eux au risque de finir par nous perdre.
Ce roman est un coup de coeur en ce qui me concerne et je vous le conseille vraiment.