« Le dernier festin des vaincus » – Estelle Tharreau
Titre : Le dernier festin des vaincus
Auteur : Estelle Tharreau
Editeur : Taurnada
Format : numérique
Nombre de pages : 226
Dates de lecture : 22/10/2023 – 01/11/2023
4e de couverture / Résumé éditeur :
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.
Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l’omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l’enfer de ce dernier jalon avant la toundra.
Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.
« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme. »
Mon avis :
Je remercie les éditions Taurnada pour l’envoi de ce roman en service presse et leur confiance renouvelée.
J’ai découvert Estelle Tharreau avec « Mon ombre assassine » que j’avais adoré et je dois dire que c’est une auteure dont j’apprécie grandement la plume. Elle aborde régulièrement des thèmes difficiles, comme la peine de mort (La peine du bourreau) ou le traumatisme de la guerre (Il était une fois la guerre) et elle parvient à chaque fois à traiter ces sujets avec brio et à ne pas nous laisser indifférents. Il en est de même ici.
Le thème abordé cette fois-ci, ou devrais-je dire les thèmes, sont la violence faite aux femmes, la maltraitance, le racisme, la corruption, l’alcoolisme, la consommation de drogue et la misère sociale.
L’enquête sur la disparition de Naomi Shehaan, 16 ans, sert de fil rouge dans cette histoire. Car le roman n’est pas uniquement centré sur cette disparition, il nous fait découvrir avec horreur le sort des autochtones, ces laissés pour compte dont personne n’a que faire, que l’on arrache très jeunes à leur famille et dont peu parviennent à s’en sortir. Leur sort laisse indifférent, peu importe si des femmes disparaissent, on dira qu’elles ont soit fugué (pour les plus jeunes), soit qu’elles sont parties vers de plus grandes villes afin de se prostituer. Alors on ne prend même pas la peine de les rechercher.
Face aux différents protagonistes, je suis passée par des sentiments variés allant de l’empathie au dégoût en passant par la pitié et l’incompréhension. Certains m’ont surprise lorsque l’auteure nous dévoile certains faits sur eux.
J’ai beaucoup apprécié le personnage de Logan, ce jeune policier à qui on confie l’enquête alors qu’on le pense incompétent mais qui en fait, s’acharnera pour découvrir ce qui s’est passé et dévoiler la vérité.
Les secrets finissent par nous être dévoilés, les liens se nouent ou se dénouent, les rancoeurs se renforcent, les murs se fissurent.
J’ai aimé comment Estelle Tharreau décrit les faits, les lieux, les ambiances afin de nous plonger dans la vie de ces personnages, afin de nous bouleverser, de nous révolter. Les chapitres sont courts mais percutants.
Et puis il y a ce jeune mâle caribou qui apporte une touche onirique et qui m’a donné des frissons à chaque apparition.
« Le dernier festin des vaincus » est un roman noir, dur, éprouvant qu’il faut impérativement lire.