« Cadavre exquis » – Agustina Bazterrica

« Cadavre exquis » – Agustina Bazterrica

Titre : Cadavre exquis
Auteur : Agustina Bazterrica
Format : papier
Nombre de pages : 292
Editeur : Flammarion
Dates de lecture : 23/06/2020 – 28/06/2020
Ressenti : Révulsion, écoeurement, dégoût, malaise

4ème de couverture / Résumé éditeur :
Un virus a fait disparaître la quasi-totalité des animaux de la surface de la Terre. Pour pallier la pénurie de viande, des scientifiques ont créé une nouvelle race, à partir de génomes humains, qui servira de bétail pour la consommation. Ce roman est l’histoire d’un homme qui travaille dans un abattoir et ressent un beau jour un trouble pour une femelle de la  » première génération ». Or, tout contact inapproprié avec ce qui est considéré comme un animal d’élevage est passible de la peine de mort. A l’insu de tous, il va peu à peu la traiter comme un être humain.
Le tour de force d’Agustina Bazterrica est de nous faire accepter ce postulat de départ en nous précipitant dans un suspense insoutenable. Roman d’une brûlante actualité, tout à la fois allégorique et réaliste, Cadavre exquis utilise tous les ressorts de la fiction pour venir bouleverser notre conception des relations humaines et animales.

Mon avis :
Ames sensibles s’abstenir !

Il faut s’accrocher pour aller au bout de ce roman et à plusieurs reprises j’ai failli abandonner ma lecture. Cependant, je voulais savoir comment tout cela pouvait se terminer.

Je crois que ce qui m’a le plus choquée dans ce récit au delà du fond, c’est surtout la forme. J’ai eu la sensation que l’on me maintenait de force derrière une vitre en m’obligeant à regarder ce qui se déroulait sous mes yeux sans la moindre échappatoire. De plus, tout est décrit avec froideur, c’est à peine s’il y a une once d’espoir. J’ai l’habitude de lire des romans noirs, sanglants, durs mais là, c’est allé au-delà de ce que j’ai pu lire jusqu’ici.

Je ne sais pas si c’est parce que j’ai fini par m’habituer à la façon dont les choses sont exposées mais j’ai trouvé la première moitié du livre beaucoup plus difficile, choquante, allant jusqu’à l’écoeurement. Les descriptions très (trop ?) détaillées sur l’élevage, l’abattage, la préparation et la vente du « bétail » sont difficilement supportables.

Comment peut-on aimer la viande à ce point, jusqu’à en devenir cannibale ? Je ne suis pas végétarienne mais si on me disait qu’il n’y avait plus de viande à consommer, croyez-moi, je préfèrerais me diriger vers autre chose que la viande humaine. On est loin du contexte du cannibalisme avec pour objectif la survie…

Le personnage principal est ambivalent. D’un côté on le sent contre tout cela (il refuse de manger cette nouvelle viande) mais de l’autre, il participe à toute cette organisation. Cependant, le cadeau qu’on lui offre va le changer et lui faire prendre des décisions risquées pouvant lui coûter la vie. La relations qu’il entretient avec cette « femelle » le rendent plus humains tout comme lorsqu’il évoque la vie d’avant. Cela dit, je n’ai pas réussi à m’attacher à lui.

Et il y a cette fin on ne peut plus surprenante par rapport à ce que l’on peut deviner de la personnalité de Tejo.

Au final, je ne saurais dire si j’ai aimé ou non ce roman choc. Ce dont je suis certaine, c’est que c’est un ouvrage qui ne peut pas laisser indifférent, qui, si vous allez jusqu’au bout de votre lecture, vous amène à réfléchir sur l’humain, jusqu’où il est prêt à aller, jusqu’à quel point il peut perdre son humanité pour continuer à faire prospérer une société de consommation.

Les commentaires sont clos.