« Anna et l’Homme-Hirondelle » – Gavriel Savit

« Anna et l’Homme-Hirondelle » – Gavriel Savit

Titre : Anna et l’Homme-Hirondelle
Auteur : Gavriel Savit
Format : Papier
Nombre de pages : 224
Editeur : Pocket
Dates de lecture : 26/09/2018 – 01/10/2018
Mon avis : 4/5

4ème de couverture/Résumé éditeur :

Cracovie, 1939. Que sait-on de la guerre, quand on n’a pas encore 8 ans ? Quelle langue peut dire à une petite fille que son père ne reviendra pas, sinon celle des oiseaux ?

Anna erre dans les rues de la ville lorsque l’Homme-Hirondelle la prend sous son aile. Cet étrange personnage, longiligne, sombre et mystérieux, sait parler aux oiseaux, éviter les soldats, connaît le secret des routes et les dangers des hommes. Un long voyage va commencer pour eux, à travers champs et forêts, pour échapper à la guerre.

Dans un monde qui a perdu la raison, seuls les fous savent les chemins qu’emprunte encore la vie…

Mon avis :

J’ai reçu ce livre dans le cadre de l’opération Masse Critique Rentrée Littéraire organisée par Babelio. Je les remercie ainsi que les Editions Pocket pour l’envoi de ce roman.

J’avais choisi ce roman car la présentation me plaisait sans trop savoir où cela allait me mener et au bout du compte, je ne le regrette pas.

La couverture est épurée et belle, ce n’est qu’après avoir refermé le livre que je me suis attardée sur l’image et que j’y ai vu un détail que je n’avais pas détecté auparavant et dont il est question dans le récit.

C’est un joli roman mais pas toujours facile à lire. Pour être tout à fait franche, j’ai eu un peu de mal au début, je n’arrivais pas vraiment à entrer dans l’histoire et je me sentais perdue. Et puis, j’ai pris conscience que je ne lisais pas comme il le fallait. En fait, ce roman est à aborder comme une sorte de conte et une fois que j’ai compris cela, j’ai apprécié ma lecture.

Nous suivons donc Anna et le mystérieux Homme-Hirondelle au fil des saisons, sur plusieurs années.

Anna se retrouve seule dans les rues de Cracovie et ne peut compter sur personne pour l’aider jusqu’à ce qu’elle rencontre un homme mystérieux qui connait la langue des oiseaux.

Monsieur Hirondelle devient un protecteur, un père de substitution pour Anna. Il lui explique la guerre avec des métaphores de façon à ce qu’elle puisse y mettre des images qu’elle peut comprendre (les loups et les ours par exemple). Anna a un côté naïf malgré le côté précoce qu’on lui prête. En cela, elle reste une enfant, enfant qui va devoir affronter des situations auxquelles elle n’était pas préparée. Son père lui a appris à parler plusieurs langues mais cela lui permettra t-il de survivre si elle reste seule ? Comment pourrait-elle sans sortir ? C’est la raison pour laquelle elle rejoint l’Homme-Hirondelle.

Cet homme mystérieux, froid et intelligent va lui apprendre à survivre. Il a une connaissance incroyable de la nature et des hommes et c’est grâce à cela qu’ils parviennent à survivre. Cependant, j’ai trouvé peu crédible cette « facilité » qu’ils ont à se fondre dans le décor, comme s’ils avaient le pouvoir de devenir invisibles. Comment un homme et une enfant peuvent-ils réussir à survivre dans le froid et la faim pendant aussi longtemps ? D’où pour moi cet aspect conte.

L’histoire se déroule sur plusieurs années et nous voyons Anna évoluer. Anna grandit et le danger de sa féminité naissante s’ajoute à celui de la guerre auquel elle est confrontée chaque jour.

L’arrivée d’un troisième protagoniste apporte un peu plus de dynamisme au roman car ce personnage est à l’opposé de Monsieur Hirondelle. Ce troisième personnage va être important dans l’évolution et la réflexion d’Anna sur le monde.

Même si la guerre y est racontée de façon à ce que l’enfant dont il est question comprenne les choses, ce n’est en aucun cas un roman pour les plus jeunes car il reste exigeant dans la lecture. Certains passages sont très philosophiques, très métaphoriques, très poétiques et peuvent vite vous faire perdre le fil de l’histoire. On se demande parfois où cela va nous mener, c’est ce qui rend la lecture particulièrement complexe. C’est un roman qui demande de l’attention et de la concentration dans son appréhension.

Et surtout, malgré le sujet, ne vous attendez pas à de l’action, il y en a très peu.

J’aurais aimé que l’auteur nous dévoile plus de choses sur l’Homme-Hirondelle, tout ce qui le concerne n’est que suppositions. Sa profession et les raisons de sa fuite ne sont jamais clairement dites, on ne peut qu’imaginer des choses, au risque de se tromper. Les mystérieuses pilules qu’il ingurgite m’ont intriguées et leur composition étant dévoilée vers la fin du roman, j’ai fait quelques recherches sur internet, cependant, je ne parviens pas à comprendre pourquoi le manque le met dans un tel état.

Et puis il y a la fin que j’ai trouvée tellement frustrante. J’espérais avoir des réponses à mes questions, mais non, rien de tout cela.  Je ne demandais pas une fin heureuse, seulement des réponses. Malheureusement elles ne sont pas là. Gavriel Savit nous laisse avec une fin ouverte, il ne nous apporte pas de réponses. Il nous appartient, avec ce qu’il nous a livré dans le dernier chapitre, d’imaginer ce qu’il va se passer, comment les choses vont se terminer pour Anna et son protecteur. Cela m’a laissé comme un sentiment d’inachevé, comme s’il manquait quelque chose. J’ai trouvé cette fin trop brutale.

Cela reste cependant une lecture que j’ai appréciée mais qui demande des efforts.

Citation :

« Peut-être que ses chances de survie étaient nulles, mais ce chant d’oiseau produit par un homme fit remonter à sa mémoire une notion oubliée : que l’impossible pouvait se produire en ce monde. »

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